Noémie Calais et Clément Osé ont remporté la 2e édition du prix Lire pour agir avec l’ouvrage « Plutôt nourrir » qui raconte la reconversion de Noémie au métier d’éleveuse de cochons dans le Gers. En septembre Noémie Calais a été accueillie à l’Agence d’urbanisme pour un moment d’échange avec les salariés et quelques partenaires ciblés.
Plutôt nourrir narre une histoire humaine très incarnée qui a déclenché l’enthousiasme des lecteurs. Mais ce récit pose également de pertinentes questions sur l’alimentation, l’agriculture, l’industrie agroalimentaire. Et c’était pour l’Agence l’opportunité de creuser ces questions, en lien avec les études menées mais également avec la préparation de la 44e rencontres de la Fnau. De plus la nourriture est un sujet qui concerne tout un chacun et l’ensemble des collègues de l’Agence a pu participer à l‘échange, emmené par l’énergie et la détermination de notre invitée.
Changer de vie
La reconversion de Noémie interpelle : comment passer à cause de problème de santé du statut de consultante internationale à celui d’éleveuse de porc Gascon ? Ses réponses sont celle de la vie, de la nécessaire reconnexion au vivant, des choix qui ne sont pas ceux de la facilité, mais rendus possibles par les rencontres, la rencontre d’un territoire le Gers, la rencontre d’une exploitante qui permet l’installation, la rencontre du porc gascon symbole d’une lutte contre la standardisation du goût. L’importance du territoire et de l’échelle pertinente transparait déjà dans ces préoccupations.
L’importance du collectif
Ce qui va également transparaitre des paroles de notre invitée c’est que seul, c’est impossible. Le collectif est ce qui va d’abord tout simplement permettre l’installation à quiconque n’est pas lui-même enfant d’agriculteur (l’installation individuelle reste d’une grande difficulté lorsqu’on n’a pas de patrimoine). Et au quotidien le collectif est aussi ce qui permet de tenir face à la difficulté du métier, qui permet de se regénérer ; mais aussi de construire un début d’écosystème vertueux. C’est par exemple trouver de la nourriture pour les cochons dans les déchets des autres agriculteurs du collectif, le producteur de houblon. Le collectif c’est aussi choisir une forme politique et des valeurs à partager.
Un contexte juridique national et international qui contraint
La vie d’éleveuse se révèle jalonnée d’obstacles administratifs : l’omniprésence des normes qui écrasent les expérimentations et les petits élevages, la dissonance des discours et des moyens de la politique nationale, la PAC qui ne soutient pas l’agriculture prônée par les collectivités…Tout un système d’aides et de normes qui va privilégier les « gros » de l’industrie alimentaire et écraser les « petits » des circuits locaux. Comment faire pour sécuriser nos ressources alimentaires et donner à ceux qui les produisent une vie digne ?
La petite échelle et le territoire pour une production éthique et rentable
Les acteurs publics de nos territoires, DDT… et leurs démarches de stratégie alimentaire et autre protection et soutien ont clairement un rôle à jouer pour défendre le tissu des petites installations. Le rôle des consommateurs est bien évidemment essentiel ; que ça soit en principal bénéficiaire et décideur. Certains d’entre nous évoquent alors les limites de l’exercice à la petite échelle, la nécessité d’un système massifiant et généralisant. Mais pour Noémie Calais, la massification des modèles vertueux n’est pas forcément la solution. Elle choisit de souligner l’importance des liens à l’échelle du territoire, les marchés, la présence des acteurs quels qu’ils soient ; leur interconnexion, leur solidarité… . La petite échelle a clairement des qualités qui sont celles de ne pas perdre de vue de ce pourquoi on fait les choses.
« On est tous interconnectés mais dans une dépendance que l’on a choisie ».
En savoir plus :
- Les lauréats du prix Lire pour agir 2023 - Maison de L'Environnement
- Plutôt Nourrir - L'appel d'une éleveuse | Clément Osé, Noémie Calais | Tana (lisez.com)
- Base documentaire de l'Agence d'Urbanisme de Lyon - Dossier Alimentation